Archives par mot-clé : Université de Strasbourg

HTP explore ! La place politique des femmes

Entre avril et juin 2021, Sarah Bordel, étudiante en master design projet à l’Université de Strasbourg, a réalisé un stage au sein de HTP radio afin d’interroger par l’outil radiophonique la place politique des femmes et leur rapport à l’espace public strasbourgeois, objet de son mémoire de fin d’étude intitulé « Un ville pour tou·te·s ? »

C’est avec les voix de Geneviève Manka, Fleur Laronze, Barbara Morovich, Maryame Tinani et la complicité de Pauline Desgrandchamp et Hélène Humbert que vous allez découvrir à travers ce podcast à quel point le fait d’être une femme nous engage au quotidien.

Enregistré ici et là dans l’espace public strasbourgeois afin de pouvoir se l’approprier en tant que femme ou dans des lieux eux-mêmes engagés, cet épisode révèle aussi bien la force, l’empathie et l’engagement chez ces femmes, tout autant de qualités qui les aident à se battre et s’exprimer au quotidien contre les inégalités.

> Sources utilisées :

-entretien avec Geneviève Manka, maille Karine, Hautepierre, 17 mai 2021,

-entretien avec Fleur Laronze, Perestroïka, quartier Gare, 22 mai 2021,

-entretien avec Barbara Morovich, , Wagon souk, Koenigshoffen, 28 mai 2021,

-entretien avec Maryame Tinani, Perestroïka, quartier Gare, 8 juin 2021,

-un extrait d’archives de l’INA « Etre une femme, c’était mieux avant ? » 1983, https://www.youtube.com/watch?v=twmc-ndLTWs

-un passage du livre Rêver l’obscur, femmes, magie et politique de Starhawk (1997). Lecture : Sarah Bordel.

-un passage du livre Un féminisme décoloniale de Françoise Verges (2019), éditions La fabrique. Lecture : Hélène Humbert.

-un extrait du titre #Balancetonporc de Chilla. https://www.youtube.com/watch?v=QYAYnGu_iaw

Bonne écoute 😉

> Une ville pour tou.te.s ?

 » Cet exercice de recherche s’ancre dans un sujet d’actualité, le harcèlement de rue. Il questionne et fait état d’un espace public genré et déconstruit des schémas afin de pouvoir évoquer des réponses qui permettent une meilleure inclusion de tou.te.s dans la ville. C’est donc en faisant cet exercice de remise en question que l’on arrive à dénoncer des comportements tels que le harcèlement de rue.

J’invite donc les lect.eur.rice.s de ces lignes à requestionner leurs privilèges dans l’espace public pour qu’iels puissent se rendre compte du problème et protester contre.

Ce mémoire est un travail ancré dans le féminisme, un féminisme inclusif comme il est important de le rappeler mais aussi critique de part sa vision de la société. Il se construit autour de ces notions. Aujourd’hui les combats féministes sont d’actualité, pourtant l’accès à l’espace public continue d’être inégal en fonction du genre. Mais de plus en plus de femmes en ont marre de toujours se retrouver au second plan, leur condition qu’on leur a toujours donnée ne leur convient plus, elles veulent une égalité femmes/hommes, aujourd’hui elles veulent se battre.

Ce mémoire m’a permis en tant que femme et féministe d’en apprendre d’avantage sur les conditions actuelles des femmes et ce qui a pu nous mener ici, car depuis aussi loin qu’on puissent en parler, les hommes ont toujours diriger la société. J’ai pu mieux comprendre comment sociologiquement parlant, avant de se manifester par l’urbanisme des villes, les femmes ont été rangées dans une case qu’elles ne sont jamais censé quitter sous garde de se faire traiter d’hystérique (car c’est bien connu seul les femmes le sont). Et c’est par ce statut que, parallèlement, la société s’est construite sans elles, dirigés par des hommes pour qui le seul rôle des femmes étaient de lui donner tout son intérêt, de le valoriser, de s’occuper de sa progéniture et en plus d’être toujours parfaite à ses yeux. Depuis toujours les villes sont donc difficilement ouvertes aux femmes, elles ne reflètent qu’un sentiment de gêne, d’espace de transition, de peur, mais aussi de soumission aux regards des hommes. Ainsi le harcèlement de rue découle de cette perpétuelle “entourloupe” qui a toujours appris aux hommes qu’ils étaient au centre de la société, qu’ils dominaient l’espace public et que les femmes n’étaient que des objets de désirs à saisir au passage peu importe la manière.   

  J’ai pu à travers ce mémoire faire le constat que je connaissais déjà (en partie) à travers les privilèges des hommes et les chiffres qui sont là pour nous rappeler que ce n’est pas encore gagné et que le chemin va être long. Je pense que toi qui lis ça tu vas emprunter le même chemin que moi et te déconfir petit à petit au début de la lecture de celui-ci, mais c’est un passage obligé. C’est un passage obligé car il faut que tu sois assez remonté.e pour pouvoir premièrement encaisser parce que tu n’es pas au bout de tes peines mais aussi pour ensuite que tu puisse aussi percevoir une lueur d’espoir et que tu puisses te rendre compte du chemin déjà parcouru. Alors oui le chemin va être long mais j’ai pu constater à travers ce mémoire qu’en déconstruisant les privilèges des hommes et leur mise en place, on pouvait mieux appréhender et amener des solutions à des problèmes, qu’ils soient sociaux ou spatiaux. Aussi en prenant le points de vue d’une femme nous pouvons amener les personnes à utili – ser l’empathie en essayant de les mettre à la place de victime pour qu’iel puisse ressentir ce que pourrait ressentir une femme dans l’espace public ou quand elle subit su harcèlement de rue. C’est en changeant   ces points de vue que l’on permet à la population de se réveiller et d’être outré par cette réalité et qu’on peut espérer tendre à une égalité dans la conception de notre société et de l’espace public. Dans ce mémoire qui aborde un sujet très large et complexe, j’ai d’abord dû me pencher sur des questions sociologiques pour pouvoir m’armer correctement et pouvoir appréhender au mieux ce que j’allais pouvoir étudier. J’ai donc fait le choix de parler du point de vue sociologique dans un premier temps pour parler du commencement, comme l’invisibilisation des femmes, leur sous représentation, la domination des hommes, et j’en passe. J’ai donc pu étudier notre société ainsi que celle-ci perçue et appréhendée par les femmes. Comment pouvait se sentir une femmes dans notre société et surtout comment le faire comprendre avec des mots, mes mots, à un maximum de personnes. J’ai par la suite après avoir déconstruit cette notion, m’attaquer à son application dans le domaine du design. Étonnement je suis partagée entre un sentiment de fierté lié aux nombres de projet porteur des valeurs défendues ici que j’ai pu trouver; mais j’ai aussi été plutôt frustré qu’il y en ai pas plus, car ça me semble tellement logique et important. Mais au moins ces projets sont porteurs de valeur importante et permettent d’appréhender l’avenir avec un peu (mais vrai – ment un peu) plus de sérénité. Pour finir lors de mon travail j’ai pu y découvrir une notion du design que je connaissais vaguement, celui du design critique. J’ai pu l’étudier et ça a été une révélation pour moi lors de la conception de ce mémoire car j’ai pu voir qu’à travers les méthode et de constant re-questionnement du design critique, des possibles réponses pouvaient être apporté à des questionnement comme le mien, j’ai donc pu y trouver une possible réponse.  d’être une femme de nos jours. J’ai essayé de donner les cartes et les différents outils possibles afin de pouvoir déconstruire les privilèges et la société mise en place aujourd’hui. Car malheureusement ces sujets ne sont pas la priorité et comme on a pu le voir dans ce mémoire on a beau être nombreu.ses.x à vouloir du changement tant que les hommes ne sont pas près à nous écouter ça risque d’être long et compliqué. Heureusement des débuts de solutions et de méthodes émergent çà et là dans le monde afin de rendre au femme la place qu’elles méritent dans l’espace public pour des villes et un monde plus égalitaire car c’est la ville qui doit s’adapter aux femmes et non l’inverse.

Comme j’ai pu le dire il n’y a pas de réponse toute faite pour contrer le harcèlement de rue mais (comme ça a pu ressortir lors de mon questionnaire) pour beaucoup c’est une question d’éducation. Pour environ 54 % des répondant.e.s l’éducation sur ces sujets est remise en cause car faute de pouvoir l’étudier à l’école, chacun doit se construire seul en essayant de traiter les informations vraies ou fausses, légitimes ou ridicules. Se déconstruire et déconstruire la place des femmes dans notre société est une réponses et c’est à travers les exemples de designer et le design critique que l’on a pu voir que des solutions étaient possible pour faire en sorte d’adapter la ville afin que les femmes y retrouvent leur place, comme dans la société. Une telle déconstruction pourrait enfin permettre de mettre fin aux inégalités ce qui induirait la fin du patriarcat ainsi que celle du harcèlement de rue car aucune démonstration de pouvoir n’aura besoin d’être faite.

Tenter de déconstruire et re-questionner un espace dont nous avons toujours profité sans réellement se poser de questions permet de mettre en lumière des éléments qui ne sont jamais réellement visibles. Se poser ces questions c’est aussi permettre à ces espaces, la possibilité de s’ouvrir et de se redéfinir à travers le regard de ses utilisat.eur.rice.s. Être une femme dans l’espace public et prendre conscience de ces inégalités est déjà un grand pas pour faire en sorte que les choses changent. Il faut désormais s’ouvrir à de nouveaux horizons et méthodes afin de les comprendre pour agir au mieux par la suite. Le design critique est un axe à soulever en parallèle de ces questionnements car l’un et l’autre peuvent travailler ensemble afin de peut être envisager de nouvelles solutions durables et inclusives.  Alors comment le design critique peut-il servir à développer un design des villes inclusives pour les femmes aussi ? Car comme j’ai pu le montrer dans mon travail de mémoire, en prônant l’inclusivité et l’égalité on détruit le rapport de force qui régit les hommes et donc le harcèlement de rue. »

Sarah Bordel (2021), Une ville pour tou.te.s, mémoire de fin d’étude, master design projet, sous la direction de Nolwenn Maudet, Université de Strasbourg, 120p.