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Radio Comptoir ! Interview du collectif Horizome d’HTP sur radio RBS

On écoute dans cet entretien Zaï Mo, artiste jardinier, Mathilde Manier, designeuse graphique, Louis Moreau-Ávila, coordinateur d’HTP radio et artiste, toustes trois membres du collectif Horizome dont le but est d’orchestrer la capacitation, l’empuissancement, le renforcement, bref, de donner voix et force aux habitant.es du quartier d’Hautepierre, Strasbourg ! C’est le 16/18 de Pierre Liermann sur RBS, où on parle des multiples actions et modes de fonctionnement du collectif. Un grand merci à Pierre pour la conduite de l’entretien et l’invitation. Un big up à Khalil de La Ruche, studio d’enregistrement d’Horizome, qui n’a pas pu se joindre à l’interview.

https://www.horizome.org/

https://www.instagram.com/hiphopfromelsass/

https://www.instagram.com/pierrefromrbs/

le choix musical de Mathilde Manier #rapfémininoféministe

HTP explore ! chapitre 2 : des écologies populaires / Jardiner, c’est résister…

Dimanche 3 octobre, le collectif Horizome organisait avec la Cie Théâtre-Forum Arc En Ciel, une agora publique autour des initiatives jardinières de Hautepierre, dans le cadre des Journées de l’architecture 2021. HTP radio était présent pour garder trace de ce moment de partage, de respect et de renforcement entre jardiniers, jardinières, élu et technicienne de la collectivité.

À l’écoute, le chapitre 2 autour des pratiques d’écologie populaire :

« Jardiner au pied de son immeuble », Camille Landru

> Pourquoi « jardiner, c’est résister » ?

« Jardiner modifie notre rapport au temps, on se trouve au plus proche des saisons qui rythment la vie de la nature.  » On est là, dans une vision ou rien n’est programmé, on change s’il faut changer. Jardiner c’est accompagner le temps, c’est ne pas s’y heurter. « (entretien de Gilles Clément) 

Comme l’a ainsi montré la sociologue Laurence Granchamp après deux années passées à nos côtés, les jardins de Hautepierre sont des lieux de vie à ciel ouvert et accessible à tous les habitants, de ce fait ils offrent la possibilité de s’investir au sein d’un groupe tout en devenant acteur de sa propre consommation alimentaire.

C’est aussi de cette manière qu’ils permettent de transformer l’espace public résidentiel en terrain fertile, que ce soit concrètement au travers des plantations ou philosophiquement, en tant qu’inspiration d’une société plus juste et plus équitable, prenant ainsi en considération les pouvoirs d’action dans un quartier populaire…

Néanmoins, il est utile de rappeler ici que Hautepierre en tant que « Quartier Prioritaire de la Ville » (QPV), dénominatif institutionnalisé, est également depuis 2021, ce que l’État nomme « Quartier de Reconquête Républicaine » (QRR), où usages sécuritaires et contrôle du quartier vont de pair avec rénovation urbaine et participation habitante. La vie des jardins de Hautepierre en est un exemple concret. Comme ont pu le montrer Vincent Lebrou, chercheur en sciences politiques et Romane Joly, doctorante en sociologie dans le cadre d’une enquête ethnographique menée à Hautepierre entre 2016 et 2019 qui :

« met en lumière le caractère disciplinaire conféré aux jardins partagés lorsqu’ils se rattachent à la politique de la ville et s’articulent à un projet de rénovation urbaine. Notre article montre ainsi que ces espaces participent […] au gouvernement des conduites des habitants en œuvrant sur trois niveaux principaux.

-Spatial d’abord, lorsque la végétalisation et l’ordonnancement du quartier sont mis au service de la tranquillité publique.

-Ensuite, en dédiant certains espaces au jardinage, il s’agit de définir des comportements qui y sont autorisés et de reléguer les populations jugées « déviantes » qui ne s’y conformeraient pas.

-Enfin, l’exhortation municipale, sous peine de sanction, à formaliser l’action collective des jardiniers, ici en se constituant en association, participe à imposer des comportements dont la dissonance avec les ressources dont disposent certains habitants menace d’exclusion les plus démunis et les moins acquis au projet. »

Pour aller plus loin et lire leur analyse : Romane Joly et Vincent Lebrou, « Des jardins pour maintenir l’ordre ? Enquête ethnographique dans un quartier populaire strasbourgeois », Carnets de géographes [En ligne], 15 | 2021, mis en ligne le 30 avril 2021, consulté le 30 novembre 2021. URL : http://journals.openedition.org/cdg/7610

HTP sample ! Quand les applaudissements songent

#Bas les masques

HTP Radio s’interroge, en cette période de prise de distance forcée bien que sanitairement indispensable, sur les impacts citoyens de cette crise mondiale inédite. Dans cette perspective, Pauline Desgrandchamp et Vincent Lebrou, chercheurs actifs au sein du collectif Horizome, reviennent sur la place du politique et de la conscience collective en ces temps bousculés.

Il s’agit, à partir de l’assemblage de différents samples de documents d’archives (journaux, émissions, conseil municipal strasbourgeois, titres de musique, extraits de film, lecture de textes) et d’ambiances locales enregistrées (applaudissements aux fenêtres), de garder traces pour préparer l’après…

Ce qui nous donne un documentaire-fiction de 30 minutes, réalisé durant ces deux derniers mois, au fur et à mesure des lectures et des émotions de l’une et de l’autre.

> Parti-pris :

Les sciences sociales peuvent effectivement constituer une arme utile aux réflexions à venir. Pierre-André Juven, sociologue et spécialiste des questions de santé, revient par exemple dans ses travaux sur les décisions successives du ministère de la Santé de ne pas donner à l’hôpital public les moyens de son fonctionnement. Dans un ouvrage paru récemment et co-écrit avec Fanny Vincent et Frédéric Pierru, il continue sa description de « la casse » du système hospitalier, de moins en moins doté sur le plan financier, et qui tend dans le même temps à être toujours plus performant (disponible en pdf ici).

Comme le rappel Vincent, le système ne changera pas uniquement à la faveur d’une salutaire prise de conscience de ceux qui nous gouvernent. Il va donc falloir imaginer des nouveaux espaces de résistance politiques et sociales plus populaires.

Il arrive alors un temps où Hautepierre, Neuhof, Meinau et tant d’autres quartiers stigmatisés deviennent les exemples à suivre, la solidarité entre humains devenant une trame commune pour (re)prendre confiance et envisager nos propres résistances…

Alors, prêt ? Partez !

> Sources extraites et liens vidéo :

Dans un souci d’éthique scientifique et afin de mieux saisir les différents interlocuteurs, l’ensemble des sources utilisées sont listées ci dessous avec l’accès aux liens web et la figuration des dates de chaque morceaux prélevés, vous permettant d’ajuster la chronologie :

-Entretien téléphonique avec Vincent Lebrou, chercheur en sciences politiques à l’Université de Strasbourg, Pauline Desgrandchamp, 05 avril 2020,

-Applaudissements 20H, rue de la Broque, 15 avril 2020. Source : enregistrement citoyen

– »Jusqu’ici tout va bien », extrait du film La Haine, Mathieu Kassovitz, 1995. Source : https://www.youtube.com/watch?v=YM0kBkrRaJ4

-Applaudissements 20H, rond-point de l’Esplanade, 23 mars 2020. Source : enregistrement citoyen

-Les soignant.e.s toulousain.e.s reprennent Orelsan pour lancer la mobilisation générale de la santé, reprise du clip Basique, Orelsan (2017), CGT du CHRU de Toulouse, juin 2018. Source : https://www.youtube.com/watch?v=UJ8JXr_LIW4

-Agnès Hartemann, chef de service de diabétologie à La Pitié Salpêtrière (Paris) sur le plateau des matins de France Culture, une émission de Guillaume Lerner : « Quel avenir pour l’hôpital si 1000 médecins démissionnent? », 13 janvier 2020. Source : https://www.youtube.com/watch?v=-nL4ad531ZM

-Agnès Buzin revient sur « la paupérisation de l’hôpital public » sur le plateau de Bonjour chez vous, une émission d’Oriane Mancini, Public Sénat, 31 octobre 2019. Source : https://www.youtube.com/watch?v=Nw5Aq9b1EwI

-intervention de Syamak Agha Babei, médecin urgentiste et vice président de l’Eurometropole, lors du Conseil municipal de la ville de Strasbourg et l’Eurometropole, 14 mai 2019. Source : https://www.youtube.com/watch?v=NVthaZDFukc

– « Grève des urgences de Strasbourg », FRANCE 3, reportage de Sylvie Malal et Arnaud Rapp, monté par Isabelle Nommay, et présenté par Olivia Villamy dans la bobine du soir du jeudi 20 juin 2019. Source : https://www.youtube.com/watch?v=jlGgDXbgG9Q

–  François Salachas, neurologue à la Pitié-Salpêtrière qui donne sa position de médecin dans l’émission Arrêt sur images : « Coronavirus, on doit se préparer à l’ouragan », 13 mars 2020. Source : https://www.arretsurimages.net/emissions/arret-sur-images/coronavirus-on-doit-se-preparer-a-louragan?fbclid=IwAR165lknBY3juWpOg4l3lssRVm-q4tL_p4r-I89mRVas7kJJr4FEKvgiiBs

-discours officiel d’Emmanuel Macron, 16 mars 2020. Source : https://www.youtube.com/watch?v=mhklV9uOvTQ

-extrait du thème musical X-Files, aux frontières du réel, Mark Snow, 1993. Source :  https://www.youtube.com/watch?v=hAAlDoAtV7Y

-extrait du titre Assassin, L’état assassine, 1995. Source : https://www.youtube.com/watch?v=2uIhOT5WQV4

-extrait du film La naissance de l’amour, Philippe Garrel, 1993. Source : https://www.youtube.com/watch?v=umlRmyR6_hA

-extrait du titre Public Ennemies, Fight the power, 1988. Source : https://www.youtube.com/watch?v=8PaoLy7PHwk

-Applaudissements 20H, avenue François Mitterand, 15 mars 2020. Source : enregistrement citoyen

-quatre citations tirées de l’ouvrage La casse du siècle à propos des réformes de l’hôpital public, de Pierre-André Juven, Frédéric Pierru et Fanny Vincent, collection raisons d’agir, octobre 2019. Source : https://www.raisonsdagir-editions.org/catalogue/la-casse-du-siecle/

Merci à Sarah Moutier d’avoir prêté sa voix et à Vincent Lebrou de s’être prêté à cet exercice radio différé !


>Et en bonus, quelques articles utiles :

Puisque prendre soin de soi, c’est d’abord prendre soin des autres, voici quelques articles parus sur des sites plutôt fiables que l’on a notamment utilisé afin de préparer le podcast,

-La casse du siècle, à propos des réformes de l’hôpital public : https://www.raisonsdagir-editions.org/catalogue/la-casse-du-siecle/

-Coronavirus, regards de l’EHESS : https://www.ehess.fr/fr/%C3%A9chos-recherche/coronavirus-regards-lehess?fbclid=IwAR33IM0QWTPy-9F1gLDP-m1lhX9wf863O_on3HaIOaL6wBQUrsrgO1IOZfc

-Lettre d’un soignant à ceux qui nous gouvernent: https://acta.zone/lettre-dun-soignant-a-ceux-qui-nous-gouvernent/?fbclid=IwAR35KIlPHSNDEH9ValB6yJC5wWF_FoIgHUzPCNIy0QujskA4JRp3jZHbdVo

-Et maintenant on culpabilise les citoyens : https://france.attac.org/se-mobiliser/que-faire-face-au-coronavirus/article/et-maintenant-on-culpabilise-les-citoyens?fbclid=IwAR37bNkErL-0YrrsqOzJtErQEmGAD77o3Wd9-PgE7bAkcc4tZJQDESfY0ms

-Epidémie virale et panique morale, les quartiers populaires au temps du covid 19 : https://aoc.media/analyse/2020/04/14/epidemie-virale-et-panique-morale-les-quartiers-populaires-au-temps-du-covid-19/

-Le covid 19, la guerre et les quartiers populaires : https://www.metropolitiques.eu/Le-covid-19-la-guerre-et-les-quartiers-populaires.html?fbclid=IwAR3-VYenZHTASA7O5kRvxheLUvzW72d1tygngWGtfd-nDDoc-2Nm9p1yfXc#nh5

– »Les connards qui nous gouvernent » : https://blog.mondediplo.net/les-connards-qui-nous-gouvernent

-Premier rapport de l’observatoire de l’état d’urgence sanitaire : https://acta.zone/premier-rapport-de-lobservatoire-de-letat-durgence-sanitaire/?fbclid=IwAR2vP2pPFj80tp7p7q9ouOaWe42LHT_O8PCqCsoFnOUju1Axavt_7dW49YU

-Penser et agir par temps de pandémie : https://up-magazine.info/decryptages/analyses/44719-penser-et-agir-par-temps-de-pandemie/?login=true&fbclid=IwAR1HSmLawZYFtvgh2FXSALZgvNXf1SuUbDARlJScAsbgoo6kcLfjCr70rbI

-Les formes contemporaines de la biopolitique : https://www.cairn.info/revue-internationale-de-politique-comparee-2011-4-page-7.htm#

-Gilles Deleuze, l’Art et les sociétés de contrôle : https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/070520/gilles-deleuze-lart-et-les-societes-de-controle

HTP mix ! La chronique rap radio

Nouvelle chronique sur HTP Radio,

Sardheep et Ismaïl, deux élèves de troisième du collège Érasme en stage d’observation au sein de HTP radio, partagent leur top 5 du rap du mois :

Suite à l’accompagnement éducatif proposé au sein de la classe de 3ème C du collège, les deux potes ont pu le temps d’une semaine expérimenter le freestyle et l’enregistrement de maquettes hip-hop avec Stéphane, volontaire en service civique, référent du studio d’enregistrement La ruche, au local de Horizome.

Dans le même temps, ils avançaient sur la conception et la création de cette chronique 100% home made !

HTP Explore ! Où sont cachés les oiseaux ?

Depuis le mois de mai, HTP Radio explore la vie des oiseaux à Hautepierre.

Quels oiseaux on retrouve dans le quartier? Comment vivent-ils ? en symbiose avec qui? avec quoi? Quels sont leurs besoins?  C’est quoi les cris spécifiques les plus facilement reconnaissables? Quelles phrases nous racontent-elles? pour nous dire quoi? Que pouvons-nous faire pour améliorer leur cadre de vie? Et au final ça nous sert à quoi de mieux comprendre la vie des oiseaux?

Dans le cadre de l’atelier périscolaire médita-SON, l’équipe d’aventuriers a pu explorer un bout de quartier au travers d’une balade à l’écoute des oiseaux environnants avec pour principes apprendre à les débusquer, comprendre l’intérêt de leur présence, écouter plutôt qu’entendre…

Dans un autre temps, Manon Kaupp, actuellement en formation BPJEPS Éducation à l’environnement au sein du collectif Horizome, est allée à la rencontre de Marc Keller, animateur nature à l’association de Ligue de Protection des Oiseaux d’Alsace, pour nous parler d’avantage des oiseaux de Hautepierre.

Le podcast en écoute ici !

Un documentaire-fiction journalistique original avec :

deux échantillons sonore, la bande annonce française du film les oiseaux d’Alfred Hitchcock, en 1963 et un échantillon d’une archive INA de Michel Simon prédisant la sixième extinction de masse, en 1965,

des enregistrements de la balade découverte des chants des oiseaux dans le cadre de l’atelier #MéditaSON avec Dina, Dercio, Sarha, Aya, Sina, Roumaïssa, Anis, Mouadh, Mehdi, Zeynep, Basit et Ahmed, enfants de CP et CE1 de l’école Catherine, 

Et un entretien avec Marc Keller, animateur nature de la Ligue de Protection des Oiseaux – LPO d’Alsace. Mai 2019

Merci à tous et toutes pour ces découvertes partagées !

Un documentaire signé Manon Kaupp et Pauline Desgrandchamp.

de la nourriture au pied des immeubles

> Un chant : un oiseau, saurez-vous les reconnaître?

1- le rouge-gorge familier

2- le moineau domestique

3- la fauvette à tête noire

4- le cochevis huppé

5- la mésange charbonnière

6- l’hirondelle rustique

7- le corbeau freux

HTP explore ! les balades à l’oreille

Dans le cadre des Journées Européennes de l’Architecture 2018 autour de la thématique ENSEMBLE, le collectif Horizome, associé au festival Exhibitronic et à la JEEP, a proposé d’expérimenter en commun l’architecture percutante de la maille Catherine au travers de deux balades à l’oreille dans le quartier, les 5 et 10 octobre 2018.

 

HTP Radio a notamment participé au projet en produisant spécialement pour l’occasion une phonographie augmentée d’un freestyle in situ. Avec 17 Binks, Cobra et Kesko & la classe des percussions de Strasbourg, Tim Hanquet et Simon Journet. À la production Léo Paulen et Pauline Desgrandchamp.

 

En écoute ici Freestylers : (ATTENTION, ÉCOUTE PRIVILIÉGIÉE AU CASQUE)

 

Et en écoute là, une restitution radiophonique d’une des deux balades, signé Dimitri Madi, volontaire en service civique à HTP Radio.

 

> C’est quoi une balade à l’oreille?

Il s’agit d’une promenade physique selon un trajet défini permettant de se focaliser sur les paysages sonores, en jouant à la fois entre des sons ambiants, des percussions augmentées ou encore des enregistrements sonores, pour raconter autrement les richesses d’un territoire urbain. C’est aussi un moyen de tester ce que l’on nomme un « urbanisme sonique » qualifiant les espaces urbains avec la musicalité des matériaux trouvables sur site et une démarche empathique, à l’écoute des usages des lieux.

Autrement dit, c’est permettre au travers de la « narration sonore en marche », puisque la balade en sons met en action le corps écoutant, de raconter un récit spécifique aux lieux environnants : une sorte de réalité alternative et immatérielle, en 3D, de se qu’il se passe à Hautepierre. Les paysages sonores réels se confondent avec les sons percussifs de Tim et Simon. On joue également entre des sons enregistrés, ( cf. le freestyle) et des sons percutés en direct, permettant au final de mettre en scènes la maille Catherine selon le jour et la nuit.

 

> Ça sert à quoi au final ce type de pratique?

Afin d’appuyer un concept clé dans la notion de fabrique urbaine participative, il s’agit ici d’insister à populariser la compréhension sensible et émotive d’un territoire, fondée autour de la compréhension sensorielle plurielle et divergente de chacun de nous, corps sensibles et habitants de Strasbourg. L’alterité se voit ainsi qualifiée et matérialisée en données de terrain, participant dans le même temps à affirmer la constitution de diagnostics territoriaux plus incarnés vis à vis d’un territoire.

Ce travail fait partie d’une recherche en cours au sein du laboratoire ACCRA de l’Université de Strasbourg, porté par Pauline Desgrandchamp, rédactrice de HTP Radio.

Plus d’informations sur stras-sphere.org

 

> Une expérience partagée et donc partageable !

Voici ici une première synthèse du trajet vécu, rédigée à partir du débrief partagé entre les présupposés des concepteurs et les retours d’expérience de chacun des expérimentateurs empiriques :

 

#Scène 1 : mise en écoute du corps – avenue Cervantès 

Les expérimentateurs fonctionnent en binôme, un pour guider, l’autre masqué, ils avancent dans une marche sonore méditative et territoriale à la fois, dessinant mentalement un trajet imaginaire et sensible de l’environnement présent. Le paysage ambiant est marqué par une pluralités de plans sonores, entre sons de circulations piétonne, automobile et passage du tram. C’est également l’espace-temps de conditionnement de l’expérience sensible pour l’expérimentateur masqué, qui doit s’habituer petit à petit à s’orienter au travers de ses autres sens. Selon les profils, certains ont noté une angoisse forte car perdus tandis que d’autres se rassuraient de suivre les voix de la circulation (différents plans sonores reliés comme le son du tram, voiture, vélos)

 

#Scène 2 : trajet  – allée Charles Perrault

L’utilisation d’une pattern musicale, construite à partir de pièces de monnaie disposées sur les rails du tramway, va donner le top départ des percussions métalliques, avançant dans l’allée Perrault, à coup de bois et de tuyaux.

Ce qui permet également aux expérimentateurs de mieux distinguer les masses architecturales présentes sur place. De nuit, l’un remarque des effets de distance très nets, une autre des effets d’échos amplifiés selon la position du corps écoutant vis à vis des matières résonantes. D’autres étaient  concentrés sur les matières traversés au sol, leurs pieds devenant un outil de ressentis supplémentaire à leurs oreilles. De jour, plusieurs personnes ont noté un effet de distance entre les bruits ambiants et les ajouts de ceux des musiciens. L’une a parlé d’effet de brouillage quant aux sons percussifs, la dérangeant dans l’écoute du paysage ambiant.

 

#Scène 3 : freestyle augmenté – place Flaubert

Un paysage sonore peut aussi se comprendre comme totalement fictif, créé par la manipulation de l’enregistrement. Ainsi, pour insister sur l’aspect immersif du sonore, HTP Radio a testé pour enregistrer les plans, un microphone assez particulier, appelé BINAURAL, permettant de simuler une écoute 3D.

La bande sonore propose en son sein deux plans distincts, transformant des espaces-temps hautepierrois particuliers. L’un concerne l’enregistrement des percussions de Tim et Simon place Flaubert, maille Catherine. L’autre concerne le freestyle de Cobra et Keska devant la CAF, à la Eley. Les percussionnistes jouaient en IN et en OFF, la plus part des expérimentateurs se sont d’ailleurs amusés à vivre une immersion spéciale en doutant de cette fine limite entre réalité et hologramme sonore.

 

#Scène 4 : résonances architecturales – parc Simbad

La marche reprend son cours pour s’avancer petit à petit en coeur de maille, espace architectural autant détonant que respirant… Les percussionnistes dessinent alors une fabrication percussive de l’espace : le parc pour enfant devient un instrument transformant les murs des immeubles en caisses de résonance.

Les gamins aux alentours sont intrigués et excités par ces résonances, les aveugles sont immergés, difficile de déceler les frappes des échos, surtout de nuit. En journée, moins de remarques et plus de compréhensibilité des effets sonores présents. Ce qui permet de proposer cette hypothèse : les temporalités jour/nuit auraient alors un rôle important en tant qu’empreintes de ressentis et d’émotions.

Sorte de final pour les deux musiciens, la partition proposée évolue en des frappes de plus en plus fortes et précises, insistant à affirmer une musicalité métallique pour saisir autrement l’urbanisme spécifique de ce coeur de maille. Un expérimentateur masqué a ainsi été marqué par son souvenir auditif : quelques minutes après l’arrêt des musiciens et avant d’enlever son masque, il continuait d’entendre les percussions de manière mentale pour en dessiner une image plus précise de l’urbanisme local.

 

#Scène 5 : visite sonore – jardin du coin

À la tombée de la nuit, les écarts de température entre des espaces plus minéralisés en frontières de maille et l’avancée en coeur de maille se sont fait ressentir intensément. En journée, comme l’a fait remarqué une des expérimentatrice masquée, il s’agissait plutôt de repérer les ombres portées des bâtiments à partir de la lumière du soleil sur la peau du visage.

L’entrée dans le jardin, vert et dense, était marquée par l’humidité et les odeurs. Quelques sons d’insectes jusqu’alors inédits, puisqu’impossible de se trouver là (le son d’une cigale, d’une libellule ou encore d’un coq) se sont fait entendre, perturbant le paysage sonore local… Une autre manière de symboliser les petits habitants du jardin, bêtes et autres insectes issus du compost ! En journée, pas de sons ajoutés mais une visite des plantations avec un des animateurs du jardin…

 

Conclusion collective autour d’un pot convivial permettant à chacun, expérimentateurs et concepteurs de partagés leur retour d’expériences.

 

 

HTP style ! plateau radio spécial « Droit à la ville »

Dans le cadre des 50 ans de l’ouvrage du marxiste Henri Lefebvre « le droit à la ville », HTP Radio participe au projet PRENDRE PLACE porté par l’INSA et l’Université de Strasbourg sur l’année 2018-2019 en installant son plateau radio au 48 boulevard Lafontaine, maille Éléonore le samedi 20 octobre.

Un plateau radio spécial « Droit à la ville » avec trois thématiques abordées : #HABITER #S’INSTALLER et #ACCUEILLIR, disponible en podcast ici

 

 

L’action proposée, en plus de discuter de cette thématique, s’inspire de ce concept pour penser sa forme, en prenant place dans le hall d’immeuble du 48 afin de clôturer l’exposition « Espace commun, espace d’accueil » dans le cadre des journées de l’architecture 2018. C’est également l’espace et le temps d’interroger notre droit à la ville en fonction du quartier dans lequel on vit.

 

48 boulevard Lafontaine, Eley, 20 octobre 2018

Plateau 1 (47 minutes)

#HABITER

Avec Emma Wehrlé volontaire en service civique mutualisé Horizome et Bretzselle, Lyes Laifa architecte référent de projet pour Horizome, Marguerite Zouatine, habitante du 48 et membre du CA de Horizome et Michael Labbé, maître de conférence en philosophie à l’université de Strasbourg, porteur du projet Prendre place.

 

Retour sur la pensée de Henri Lefebvre, 50 ans après… Qu’en est-il aujourd’hui en terme de mouvement social ? Un droit à la ville différent selon le quartier habité? C’est quand qu’on descend dans la rue pour tout casser?

 

Plateau 2 (28 minutes)

#S’INSTALLER

Avec Thierry Ramadier, chercheur CNRS en psychologie environnementale et membre du laboratoire SAGE, CNRS et université de Strasbourg, Malka Attia Goerger et Waïla Cury, éducatrices en prévention spécialisée à la JEEP Hautepierre.

 

Le squatte à Hautepierre, une position politique affirmée ? La fonction de la rue, de son usage à son appropriation… Quelle place pour des initiatives et de manières générales pour les jeunes à Hautepierre ?

Plateau 3 ( 1heure)

#ACCUEILLIR

Avec  Mohamed Erramami, de l’association Par enchantement et habitant de la Herrade, Koenigshoffen,  Kevin Clémenti de l’association Makers for change et doctorant au laboratoire SAGE et Pascal Charpentier, directeur de CUS habitat Hautepierre et habitant du quartier.

 

Les quartiers populaires, des quartiers accueillant, sorte de refuges pour les nouveaux arrivants? Les forces des communautés dans le quartier… Et ailleurs, que se passe-t-il? Retour sur l’initiative du petit village de Riace, au sud de l’Italie. 

 

Une émission animée par Yann Coiffier, urbaniste social, co-référent du collectif Horizome et Syamak Agha Babaei originaire de Hautepierre, docteur urgentiste, conseiller municipal et vice président de l’Eurometropole en charge de la politique de l’habitat et de l’hébergement. 

 

Réalisation : Maylis Cerbeleaud, de Radio Rhino
Post-production : Marie-élodie Savary du DSAA In Situ Lab et Pauline Desgrandchamp, référente du projet HTP Radio
Coordination générale : Pauline Desgrandchamp et Waïla Cury, de la JEEP

 

HTP Radio remercie chaleureusement l’ensemble des invités ainsi que les habitants du 48 qui nous ont accueilli en bas de leur immeuble.

Un remerciement spécial à Jean Suss de l’association Ithaque et Barbara Morovich, chercheure en anthropologie et fondatrice de Horizome, d’avoir accepter de répondre à nos questions et de prêter leur voix à nos PAD.

 

HTP explore ! les paysages sonores des mailles

Jacqueline, Brigitte, Éléonore, Karine et Catherine, parlons-en avec les bruits ambiants ! HTP Radio explore les paysages sonores des mailles de Hautepierre.

crédits photo : Alexis Gunkel pour Horizome et l’ANPU

Scène #1 : Sons d’ici, à la Brigitte !

Ilona

Scène #2 : Place Jean Giono, à la Karine !

Pauline Desgrandchamp, Horizome

Scène #3: Le chant des immeubles, à la Eley !

Gaétan Groemer, Ensembles 2.2

Scène #4 : Le chant des sirènes, à la Jack !

Pauline Desgrandchamp et Yann Coiffier, Horizome

> Au final, c’est quoi un paysage sonore ? 

Le canadien Raymond Murray Schafer (1978), créateur du paysage sonore ou soundscape, le conçoit comme une composition de différents plans sonores évoluant au gré du moment, du milieu, du climat… en débordant du cadre de la représentation esthétique vers la perception multi-sensorielle. Il en différencie deux types : le paysage sonore vécu, celui qui se diffuse en réel et le paysage sonore fabriqué, celui qui est modifié, transformé, traduit par le designer pour construire un récit inédit.

Le paysage sonore, vécu et fabriqué, se décompose ainsi en différents plans à l’instar du paysage visuel (premier plan, arrière plan etc) tout en se saisissant comme une approche globale écologique. À l’inverse du paysage visuel, il ne se range pas dans un cadre, il en déborde. On dit d’ailleurs que “l’ouïe n’a pas de paupière” (CRESSON, 2013).

La notion de bruit en devient ainsi une possible représentation : émis par les autres, il est qualifié de nuisant ou de dérangeant puisqu’effectivement on ne le maîtrise pas soi-même. Conceptualiser un paysage en sons, c’est ainsi permettre de faire évoluer notre propre relation au bruit, compris dès lors en tant que trace, témoignage et identité de ce qui peut se dérouler dans un lieu ou un environnement spécifique.

> En quoi les bruits ambiants témoignent-ils des identités urbaines de HTP ?

L’écoute des paysages sonores des coeurs de maille (scènes #1 et #2) insiste à montrer la place publique comme le lieu d’échange et de rencontre dans le quartier. Que ce soit au travers des jardins partagés, des écoles aménagées en coeur de maille ou encore des événements estivaux organisés (comme la tournée Aracnima dans le petit bois de la Brigitte), les paysages sonores ambiants ont la particularité d’être relativement préservés de la pollution sonore. Cela s’explique d’abord par la configuration spatiale du maillage urbanistique de Hautepierre, laissant l’espace du coeur comme lieu de vie piéton.

Les paysages sonores fabriqués proposés (scènes #3 et #4) permettent quant à eux de traduire en musique ou en montage des utopies urbaines, à l’instar des projets de grands ensembles. Le chant des immeubles reproduit, par les fréquences trouvées sur place, une musicalité propre à la Eley alors que le chant des sirènes propose les bruits de travaux comme une sorte de chimère dénaturée et poétique, représentant la perte de la tour Buchner et de ses mémoires à la Jack.